La réforme de la formation des enseignants en France est au cœur des débats depuis plusieurs années. Avec une crise d’attractivité du métier d’enseignant et une pénurie de candidats aux concours de recrutement, le gouvernement a décidé de repenser en profondeur le système de formation initiale. Cette réforme, portée par Emmanuel Macron et le ministère de l’Éducation nationale, vise à moderniser le parcours des futurs enseignants, à renforcer l’attractivité du métier et à mieux répondre aux besoins du système éducatif. Mais quels sont les objectifs concrets de cette réforme de la formation des enseignants ?
Une formation plus professionnalisante dès la licence
L’un des principaux objectifs de la réforme de la formation des enseignants est de professionnaliser le parcours des étudiants dès la licence. Pour cela, le gouvernement a annoncé la création d’une licence préparatoire au professorat des écoles (LPPE), spécifiquement conçue pour les futurs enseignants du premier degré. Cette licence, plus professionnalisante, inclura des modules de pédagogie, des stages en établissement scolaire et une préparation aux épreuves du concours de recrutement. Les étudiants ayant validé cette licence seront dispensés des épreuves écrites du CRPE (Concours de Recrutement de Professeurs des Écoles).
Pour le second degré, les étudiants devront suivre une licence disciplinaire (mathématiques, histoire, etc.) tout en ayant la possibilité d’ajouter des modules de préparation aux concours. L’objectif est de permettre aux futurs enseignants de se familiariser avec le métier dès la première année de licence, tout en renforçant leurs compétences disciplinaires.
Un concours avancé en fin de licence
La réforme de la formation des enseignants prévoit également de déplacer les concours de recrutement en fin de troisième année de licence, au lieu de la fin du master. Cette mesure vise à libérer les deux années de master pour une formation plus axée sur la pratique professionnelle et moins sur la préparation des épreuves. Les lauréats du concours intégreront ensuite un master professionnalisant, où ils alterneront entre cours théoriques et stages en établissement scolaire.
Cette avancée du concours répond à une double logique : d’une part, permettre aux étudiants de se concentrer sur leur formation professionnelle dès le master, et d’autre part, sécuriser leur parcours en leur offrant un statut de fonctionnaire-stagiaire dès la première année de master, avec une rémunération de 1 400 € nets par mois.
La création des Écoles normales du XXIe siècle
Un autre pilier de la réforme de la formation des enseignants est la transformation des INSPÉ (Instituts Nationaux Supérieurs du Professorat et de l’Éducation) en Écoles normales du XXIe siècle. Ces nouvelles structures auront pour mission de piloter l’ensemble de la formation des futurs enseignants, de la licence au master, en intégrant une dimension plus professionnalisante et en renforçant les liens avec le terrain.
L’objectif est de créer un continuum de formation cohérent, où les étudiants bénéficieront d’un accompagnement renforcé et d’une meilleure articulation entre théorie et pratique. Les Écoles normales du XXIe siècle devraient également favoriser l’innovation pédagogique et la recherche en éducation, en s’appuyant sur les dernières avancées scientifiques.
Une rémunération dès le master pour renforcer l’attractivité
Pour lutter contre la crise d’attractivité du métier d’enseignant, la réforme de la formation des enseignants introduit une rémunération dès la première année de master. Les lauréats du concours bénéficieront du statut d’élève fonctionnaire en M1, avec une rémunération de 1 400 € nets, puis du statut de fonctionnaire-stagiaire en M2, avec 1 800 € nets. Cette mesure vise à sécuriser financièrement les étudiants et à rendre le métier plus attractif.
En parallèle, le gouvernement souhaite renforcer l’accompagnement des futurs enseignants pendant leurs stages, en leur offrant un tutorat de qualité et en leur permettant de se confronter progressivement à la réalité du métier. L’objectif est de réduire le taux d’abandon en cours de formation et de mieux préparer les étudiants aux défis du terrain.
Une réforme qui s’inscrit dans un contexte de crise éducative
La réforme de la formation des enseignants ne peut être dissociée du contexte actuel de crise éducative que traverse la France. Avec une pénurie croissante d’enseignants, des classes surchargées et des conditions de travail parfois difficiles, le système éducatif français est sous tension. Cette réforme vise donc à répondre à des enjeux immédiats, comme la revalorisation du métier d’enseignant et la lutte contre les déserts scolaires, tout en préparant l’avenir en formant des professionnels mieux armés pour faire face aux défis pédagogiques du XXIe siècle. En intégrant davantage de pratique professionnelle et en renforçant l’accompagnement des futurs enseignants, cette réforme cherche à créer un cercle vertueux où la qualité de la formation se traduira par une amélioration globale du système éducatif. Cependant, son succès dépendra en grande partie de la manière dont elle sera mise en œuvre et des moyens qui lui seront alloués.
Une réforme ambitieuse mais qui soulève des questions
Si la réforme de la formation des enseignants est saluée pour son ambition, elle soulève également des interrogations. Certains syndicats, comme le SNES-FSU, craignent que les étudiants soient utilisés comme « main-d’œuvre » pour pallier la pénurie d’enseignants, au détriment de leur formation. D’autres pointent du doigt le calendrier serré de mise en œuvre, qui pourrait entraîner des cafouillages et des inégalités entre les académies.
Par ailleurs, la question du devenir des étudiants qui échouent au concours en L3 reste en suspens. Si certains pourront intégrer un master MEEF pour se repréparer, d’autres risquent de se retrouver sans solution, ce qui pourrait accentuer la crise d’attractivité du métier.
Une formation hybride pour s’adapter aux besoins modernes
La réforme de la formation des enseignants pourrait inclure des modules de formation à distance, en complément des cours en présentiel et des stages pratiques. Cette approche hybride présente plusieurs avantages :
- Flexibilité pour les étudiants :
Les futurs enseignants pourraient suivre une partie des cours théoriques (comme les modules de pédagogie, de didactique ou de gestion de classe) en ligne, ce qui leur permettrait de mieux organiser leur temps, notamment s’ils doivent concilier études, stages et vie personnelle. - Accès à des ressources numériques innovantes :
Le distanciel permet d’utiliser des outils pédagogiques modernes, comme des vidéos interactives, des quiz en ligne, des forums de discussion ou des classes virtuelles. Ces ressources peuvent enrichir la formation et la rendre plus dynamique. - Réduction des coûts et des contraintes logistiques :
Pour les INSPÉ (Instituts Nationaux Supérieurs du Professorat et de l’Éducation) et les universités, intégrer une partie de la formation en ligne pourrait réduire les coûts liés aux infrastructures et permettre de toucher un public plus large, y compris dans les zones rurales ou éloignées. - Préparation au numérique éducatif :
En formant les futurs enseignants à l’utilisation des outils numériques, on les prépare aussi à intégrer ces technologies dans leur pratique professionnelle, une compétence essentielle dans le contexte actuel de digitalisation de l’éducation.
Les limites du distanciel dans la formation des enseignants
Cependant, la formation en distanciel ne peut pas remplacer entièrement le présentiel, notamment pour les aspects pratiques du métier :
- Les stages en établissement scolaire :
La présence sur le terrain est indispensable pour acquérir une expérience concrète, observer des classes et interagir avec les élèves et les équipes éducatives. - Les ateliers pratiques :
Certaines compétences, comme la gestion de classe, la mise en place de projets pédagogiques ou la prise de parole en public, nécessitent un apprentissage en situation réelle. - Le lien humain et le tutorat :
Les échanges avec les formateurs et les pairs sont essentiels pour construire une identité professionnelle et bénéficier d’un accompagnement personnalisé.
Vers une formation hybride équilibrée
Ainsi, une formation des enseignants efficace pourrait combiner :
- Des cours théoriques en distanciel (via des plateformes numériques comme Moodle ou Zoom),
- Des ateliers pratiques en présentiel (simulations de cours, travaux de groupe),
- Des stages en établissement scolaire pour une immersion totale dans le métier.
Cette approche hybride permettrait de répondre aux besoins des futurs enseignants tout en modernisant la formation, en phase avec les évolutions du système éducatif et les attentes de la société.
FAQ questions réponses
Quand la réforme de la formation des enseignants entrera-t-elle en vigueur ?
La réforme est prévue pour la rentrée 2025, avec un concours avancé en fin de troisième année de licence dès juin 2025.
Quels sont les avantages de la nouvelle licence LPPE ?
La licence LPPE dispense les étudiants des épreuves écrites du CRPE et offre une formation plus professionnalisante, avec des stages et des modules de pédagogie.
Les étudiants seront-ils rémunérés pendant leur master ?
Oui, les lauréats du concours bénéficieront d’une rémunération de 1 400 € nets en M1 et 1 800 € nets en M2.
Les INSPÉ vont-ils disparaître ?
Non, les INSPÉ seront transformés en Écoles normales du XXIe siècle pour mieux piloter la formation des enseignants.
Que deviennent les étudiants qui échouent au concours en L3 ?
Ils pourront intégrer un master MEEF pour se repréparer, mais des questions subsistent sur leur accompagnement.
La formation des enseignants peut-elle se faire entièrement en ligne ?
Non, une partie essentielle de la formation, comme les stages et les ateliers pratiques, doit se faire en présentiel pour garantir une immersion professionnelle complète.
Quels avantages offre le distanciel dans la formation des enseignants ?
Flexibilité, accès à des ressources numériques innovantes et réduction des contraintes logistiques.
Les futurs enseignants seront-ils formés aux outils numériques ?
Oui, intégrer le distanciel dans leur formation les prépare à utiliser ces outils dans leur future pratique professionnelle.